Trooz après les inondations

Trooz après les inondations : les photos d’un désastre

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les dégats causés par l'eau

Reportage photo 15 jours après les terribles inondations qui ont ravagé la province de Liège. Ces photos ont été réalisées dans la commune de Trooz et plus particulièrement dans le quartier de La Brouck. © Olivier Polet

D’abord, tout a été dit ou presque sur les événements dramatiques qui ont secoué récemment une série de villages bordant la Vesdre et l’Ourthe.

En fin de compte:

  1. Le texte qui suit ne concerne précisément que La Brouck (Trooz), mais il nous semble important de rappeler que la zone impactée par la catastrophe recouvre très gravement d’autres entités également, parmi lesquelles Pepinster et Limbourg ont eu à déplorer de nombreux décès.
  2. Si les mot tsunami et raz-de-marée concernent exclusivement des vagues successives d’eau de mer et donc ne s’appliquent pas ici, le déferlement massif d’eaux boueuses débordant subitement les deux rivières ont entraîné une catastrophe d’une ampleur tout à fait comparable

L’église de Trooz devient la plaque tournante de La Brouck. Les vivres y sont entreposés. © Olivier Polet

15 jours après les dramatiques inondations à Trooz, les photos de l’église

15 jours après les dramatiques inondations à Trooz, comment cela est il arrivé ?

Jeudi 15 juillet 2021, vers la fin d’une matinée très pluvieuse, une masse colossale d’eau, animée d’une force inouïe, a subitement et littéralement explosé les bords de la Vesdre et de l’Ourthe, pour envahir les rues des villages avoisinant, emportant tout sur son passage et charriant une quantité inimaginable d’objets jusqu’à des kilomètres à la ronde.
Si les maisons groupées par quartiers ont subi avec une rapidité fulgurante un envahissement quasi instantané des caves, pour atteindre en quelques minutes plus de 2,5 mètres de haut au rez-de-chaussée, les maisons isolées, elles, ont subi de plein fouet la violence du choc de l’eau mais aussi des objets lourds, voitures et autres, voire des grands arbres arrachés pulvérisant des pans de mur entiers, des toits, des portes…
15 jours après les dramatiques inondations à Trooz, le tribut en vies humaines est lourd : 41 personnes ont à ce jour perdu la vie dans ce drame. C’est une personne qui voulait en sauver une autre qui se retrouve emportée par le courant, une autre personne qui retourne vite à la cave pour sauver son chat, son chien, un objet précieux et se retrouve pris au piège, la porte se refermant par la force de l’eau, toutes situations plus tragiques l’une que l’autre. Et encore, nombreux furent les actes héroïques qui empêchèrent un nombre de victimes nettement plus important encore. On ne compte pas le nombre de valeureux Liégeois à s’être jetés à l’eau pour sauver une autre personne en péril et qui, sans cet acte généreux, n’aurait pas survécu.

15 jours après les dramatiques inondations à Trooz


Pour les animaux domestiques, si beaucoup ne purent en réchapper, nombreux aussi furent sauvés, notamment grâce à des interventions courageuses de leur maître ou de personnes bien décidées. C’est un habitant âgé du village qui, au sortir d’une opération à la clinique, est rentré dare-dare chez lui pour sauver son chien, l’a emporté in extremis au premier étage, et fut contraint ensuite d’attendre plus de deux jours avant l’arrivée des premiers secours : « Le lendemain de mon retour, je suis juste descendu, dans l’eau jusqu’à la taille, pour aller chercher une boîte de sardines et un paquet de biscottes, restées étanches, puis je suis remonté attendre les sauveteurs. » Deux villages plus loin, une vache a parcouru, elle, plusieurs dizaines de kilomètres à la nage avant d’atteindre la rive, saine et sauve.

Sur le plan matériel à Trooz ?

Sur un plan plus matérialiste, on reste époustouflés devant l’ampleur des dégâts : combien de cabines de haute tension balayées comme des fétus de paille, combien de voitures emportées par le courant comme de vulgaires morceaux de papier, combien de camions, camionnettes, camping-cars retournés ou projetés contre les maisons, combien de vitres brisées par des meubles projetés par le courant contre les fenêtres, d’électroménagers hors d’usage, d’armoires, de vêtements, de chaussures, d’aliments, de matériaux de construction, d’outillages, etc.

Reportage photo 15 jours après les terribles inondations qui ont ravagé la province de Liège. Ces photos ont été réalisées dans la commune de Trooz et plus particulièrement dans le quartier de La Brouck. © Olivier Polet

15 jours après les dramatiques inondations à Trooz, voici se qui reste !



15 jours après les dramatiques inondations à Trooz, le pont qui enjambe la Vesdre est heureusement à nouveau accessible, après que les expertises d’hier eurent décrété l’absence de dangerosité, mise en question à cause des innombrables objets qui s’étaient fracassées contre lui les jours précédents. (Ce qui n’est pas le cas du pont suivant, complètement descellé, et donc sans doute pour un certain temps impraticable.)
Il est 7 heures du matin et nous pénétrons dans une ville fantôme.

Reportage photo 15 jours après les terribles inondations qui ont ravagé la province de Liège. Ces photos ont été réalisées dans la commune de Trooz et plus particulièrement dans le quartier de La Brouck. © Olivier Polet

Nous parcourons lentement le village et constatons avec une certaine surprise que, depuis la catastrophe, les ouvriers ont déjà dégagé des quantités phénoménales de débris, en direction de la décharge improvisée, sur ce qui était un grand parking, le long du terrain de football communal.
Justement, nous arrivons en vue de ce monumental tertre de déchets, où l’on retrouve à peu près tout ce que peut offrir l’intérieur d’une habitation au XXIe siècle : ici, le frigo double porte dernier modèle complètement démoli – il méritait qu’on fasse cet emprunt sur trois ans parce qu’il donnait des glaçons -, là, le salon canapé d’angle et ses deux fauteuils club où le chien voulait toujours grimper malgré l’interdiction de ses maîtres pour-ne-pas-salir, maintenant complètement submergé de boue, là encore le tableau que le grand-père avait emporté dans ses maigres bagages en venant des Asturies, à présent en morceaux, puis les verres en cristal pour les grandes occasions et que l’on manipulait avec un soin infini, il en reste un intact sur la douzaine, les pantoufles de Pépé qu’on lui avait offertes à Noël, complètement en lambeaux, toute la panoplie de Barbie, fierté de la petite dernière, déchiquetée sous un paquet de légumes pourris, des gants de boxe, kimonos, raquettes, chaussures de sport en vrac au milieu d’un tas de boue, etc. Triste sort commun pour ces innombrables objets qui avaient coûté tant d’efforts et d’économies…
Quelques pas sur la voie ferrée – désormais désaffectée « pour un certain temps » étant donné l’éboulement grave d’un bas-côté sur une partie de la voie – nous donnent l’impression que toute une vie s’est arrêtée en un coup, dans ce village où il faisait si bon vivre, en paix et en famille, comme dans n’importe quel village de la région, ici doté d’un paysage particulièrement joli.

Reportage photo 15 jours après les terribles inondations qui ont ravagé la province de Liège. Ces photos ont été réalisées dans la commune de Trooz et plus particulièrement dans le quartier de La Brouck. © Olivier Polet


En outre, une dame toujours souriante assure, depuis les tout débuts après le drame, la signalisation au sortir d’un mini tunnel sous le chemin de fer qui passe dans le village. Grâce à cette précieuse bénévole, aucun accident n’a eu lieu entre les incessants camions, tracteurs, grues et bulldozers qui se sont succédé, assurant le trajet entre les montagnes de débris amassés par les habitants dégageant leurs maisons et le parking du terrain de football communal, où ils les déposaient dans l’urgence, afin de dégager au plus vite les routes du village.

Reportage photo 15 jours après les terribles inondations qui ont ravagé la province de Liège. Ces photos ont été réalisées dans la commune de Trooz et plus particulièrement dans le quartier de La Broucke. © Olivier Polet

Plus loin, ce qui était des jardins et de grandes prairies bucoliques est devenu un immense champ de bataille, jonché de morceaux de béton, de motos, d’appareils de toutes sortes, plastiques, frigos, cuisinières, bref, de tout ce qui fut expulsé des maisons parfois à des kilomètres de là. Le tout forme maintenant un ensemble complètement figé, comme après une éruption volcanique.
On entrevoit une dépouille de mouton, gonflée à éclater, et qui sera emportée sous peu par les services ad hoc, vu les dangers de contamination.
Nous retournons à l’intérieur du village, et nous engageons dans l’église, non sans avoir remarqué l’écriteau placé devant l’entrée « Servez-vous » : si les chaises ont été sorties au soleil, toute la nef est envahie de tables remplies de dons alimentaires périssables et non périssables, alors qu’un bénévole venu de Liège est en train de touiller une authentique sauce bolognaise sur un réchaud au gaz. Un autre bénévole, le responsable de l’accueil des dons, lui aussi un « étranger » à la commune de Trooz, nous donne de précieuses indications quant aux dons à faire ou à ne pas faire en ce moment.

Comment aider 15 jours après les dramatiques inondations à Trooz ?


Tout don alimentaire non périssable sur place est toujours bienvenu, ainsi que des appareils de cuisine au gaz (16 €) et des bombonnes ad hoc (1,5 €). Par contre, les appareils électroménagers électriques ne seront d’aucune utilité avant des mois, vu le problème d’électricité qui pénalise toute la région depuis la catastrophe. En ce qui concerne la vaisselle, assiettes, verres, vêtements, meubles, etc. il vaut mieux s’adresser aux associations précises (cf internet)

Reportage photo 15 jours après les terribles inondations qui ont ravagé la province de Liège. Ces photos ont été réalisées dans la commune de Trooz et plus particulièrement dans le quartier de La Brouck. © Olivier Polet


Mais dans cette église, outre l’émotion procurée par la solidarité générale qui alimente les dons et suppose donc un énorme mouvement populaire, un spectacle particulièrement touchant attire le regard : un étalage impressionnant de photos petit format est présenté aux visiteurs, dans le but de faire retrouver leurs propriétaires à toutes ces photos « sauvées » du naufrage…
Enfin, plus discrètement disposée sur un des murs, une icône extrêmement significative : il s’agit de la Vierge noire de Jasna Gora (Pologne). En effet, ce sont les Polonais (ainsi que les Espagnols des Asturies) qui peuplèrent principalement ce village de La Broucke, dans les années 1960, raison pour laquelle le lieu était appelé alors « La petite Pologne ».
Nous adressons nos remerciements les plus sincères et notre respect le plus profond à toute la population de La Brouck pour sa gentillesse et les réponses à nos questions lors de nos visites, en particulier Mireille, Carlos, le monsieur avec son chien akita, la dame qui réglait la circulation, le monsieur qui nous a montré les dégâts dans sa maison, et tous les autres anonymes dont l’amabilité, le sourire et une immense dignité ont mérité le respect de tous et nous ont profondément touchés. Nous leur souhaitons un énorme courage pour la suite et une continuation la plus utile de la solidarité générale en leur faveur. voici un reportage réalisé un an après les inondation à Trooz: https://www.lalibre.be/belgique/societe/2022/07/11/un-an-apres-les-inondations-trooz-garde-encore-des-larmes-aux-yeux-la-crise-est-loin-detre-terminee-374PRY5EXBG4BIWCKKVMGRUWUY/
Texte: Patrick Darmstaedter

Reportage photo 15 jours après les terribles inondations qui ont ravagé la province de Liège. Ces photos ont été réalisées dans la commune de Trooz et plus particulièrement dans le quartier de La Brouck. © Olivier Polet

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